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Mais je ne veux m’arrêter un peu que sur la partie la plus considérable de son œuvre : sa critique dramatique. C’est là qu’a porté son effort le plus suivi ; là est sa plus sûre originalité et son meilleur titre de gloire.


II

Je n’irai pas jusqu’à dire que M. Sarcey a fondé un genre : qui est-ce qui a fondé un genre ? Mais il est le premier qui ait uniquement et constamment appuyé la critique dramatique sur l’expérience — et sur l’expérience la plus vaste, la plus complète, la plus loyale.

À coup sûr, la critique dramatique existait avant lui. Seulement, avec Corneille et Molière, ce n’est que la critique de deux grands hommes par eux-mêmes. La critique de Voltaire, c’est l’apologie du théâtre de Voltaire. La critique de Diderot, c’est le système de Diderot. Avec Grimm, la critique est surtout du reportage. Avec La Harpe et Geoffroy, elle est purement dogmatique et grammaticale : ils se demandent si les « règles » sont observées sans éprouver ces règles elles-mêmes et ils joignent à cela la critique du style.

Avec Fiorentino, Théophile Gautier et Jules Janin, la critique dramatique s’était fort élargie. Ils avaient (et surtout Gautier) d’excellentes remarques et qui portaient loin ; mais ou ils les semaient au