Page:Lemaître - Les Contemporains, sér2, 1897.djvu/228

Cette page n’a pas encore été corrigée

prit ? Il est franc, simple et rond, rond surtout, ce qui est bien différent. Ou bien est-ce à son style que vous en avez ? Faites bien attention. Avez-vous lu le Dictionnaire philosophique et les Facéties de Voltaire ? Je vous préviens que M. Sarcey en est nourri et en nourrit sa prose. Et vous vous rappelez ce que disait Montaigne de ceux qui critiquaient son livre : « Je veulx qu’ils donnent une nazarde à Plutarque sur mon nez et qu’ils s’eschauldent à injurier Sénèque en moy. » Bien qu’il ne s’agisse plus ici que du tour général du style, prenez bien garde de donner une pichenette à Voltaire sur le nez de M. Sarcey. — Sa plaisanterie vous paraît grosse ? Si vous croyez que la plaisanterie de Voltaire est toujours du dernier atticisme ! Et qu’est-ce que je dis là ? Lisez les Grecs : si vous croyez que l’atticisme est toujours de la dernière finesse !

Sarcey, c’est du XVIIIe siècle un peu épaissi si vous voulez, mais non toujours. Et, encore un coup, ce n’est point dans son style que cette « lourdeur » me serait sensible, mais plutôt, à la grande rigueur, dans son badinage. C’est vrai, il n’a pas de sous-entendus, de demi-sourires minces et traîtres : c’est un gros jet de bonne humeur, ce sont les éclats d’un bon sens échauffé et joyeux. C’est franc, c’est copieux, c’est appuyé. Lourd ? non pas. Je crois bien qu’au fond, innocemment ou non, vous assimilez la prose abondante de M. Sarcey à son enveloppe mortelle, et vous voyez son style à travers sa physiologie. On sait, et