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mée. Sous sa plume à la fois patiente et amusée, qui jamais ne se hâte ni ne s’ennuie, les questions les plus compliquées se font simples, et les plus ingrates, intéressantes. La question des égouts — vous vous rappelez ? les odeurs de Paris, le « tout à l’égout », la presqu’île de Gennevilliers, — mais il n’y a rien de plus palpitant quand c’est lui qui en parle ! Il vous fait tout avaler « si j’ose m’exprimer ainsi ».

Maintenant, je sais bien, il insiste un peu trop, il vous met trop les points sur les i, il a toujours l’air de s’adresser à des illettrés qui ne comprendraient point sans ce luxe de redites et d’explications. Il faudrait être vraiment trop imbécile pour ne pas saisir ! Et de là, peut-être, le grand reproche, que beaucoup de nigauds et même de gens d’esprit lui font : « Est-il lourd, ce Sarcey ! » Et on ne songe pas seulement à sa longueur patiente d’exposition, mais à la rudesse de quelques-unes de ses plaisanteries et même, par une injuste extension, par un sophisme dont on n’a pas conscience, à son style en général. Nul de nos contemporains n’a été aussi souvent comparé à un éléphant. Sarcey est lourd, c’est une chose convenue ; ceux qui vous disent cela en sont absolument sûrs, et naturellement ils sont, eux, légers comme des papillons.

Eh bien ! j’aurai le courage de le dire, car ces jugements tout faits sont agaçants à la longue : non, Sarcey n’est pas lourd. S’agit-il de sa tournure d’es-