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cléricales où il est trop prompt à prendre parti, si par hasard on lui fait voir qu’il a été trompé, avec quelle bonhomie il reconnaît son erreur, quitte à recommencer le lendemain ! Si vous saviez comme il aime Veuillot et comme il s’ébaudit à lire sa correspondance !

M. Sarcey est parfaitement sincère et n’a pas le moindre fiel. Il n’est guère possible à un honnête homme de lui en vouloir : lui n’en veut jamais aux autres, pas même à ceux qu’il a « tombés ». Les injures glissent comme de l’eau sur cette peau que des gens spirituels appellent une peau d’hippopotame et qui n’est que la peau d’un brave homme. Vous pouvez le traiter de cuistre et de pion tant qu’il vous plaira, et on ne s’en est pas fait faute : « Hé ! oui, mon ami, je suis comme cela. Et après ? Mais vous, vous n’êtes guère poli et je crois d’ailleurs que vous exagérez. » On m’a raconté qu’il disait un jour : « Depuis que je suis au monde, j’entends un tas de gens dire qu’ils sont agacés ; moi, je ne sais pas ce que c’est : je n’ai jamais été agacé de ma vie. »

Écrivain, il a au plus haut point le naturel et la clarté, car il ne parle jamais que des choses qu’il « conçoit » parfaitement. Et c’est un mérite qui est devenu rare en ce temps de pédants qui ont l’air d’en dire plus qu’ils n’en savent et de nerveux qui affectent, au contraire, d’avoir plus de « sensations » qu’ils n’en peuvent traduire. Surtout M. Sarcey a un merveilleux talent d’exposition, et d’exposition ani-