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mange volontiers, toujours comme ses pères du dernier siècle. Il en mange trop, ou du moins il en a trop mangé, car depuis quelque temps il se repose. Il n’a pas l’air de se douter (et il le sait pourtant bien) que la plupart du temps le curé est un brave homme qui a seulement les préjugés de son habit et de sa profession et qui même doit les avoir et serait un prêtre douteux s’il ne les avait pas ; que presque toujours, dans ces querelles entre curés et maires ou maîtres d’école, les torts sont partagés, et qu’enfin il n’est jamais renseigné que par l’une des parties et souvent par des nigauds, des fanatiques ou des farceurs. Cela lui est donc agréable ou indifférent de songer qu’il fait la joie du pharmacien Homais et qu’il lui fournit des armes ? — Oh ! je sais bien tout ce que M. Sarcey peut répondre, et que tous les « oints », comme il dit, ne sont pas d’une aussi bonne pâte que le curé Bournisien. Et puis, quand, grâce à l’équité de nos « doux juges », on a payé des dommages-intérêts à la Sainte-Enfance et qu’on figure malgré soi sur ses registres comme un des plus gros donateurs pour n’avoir pas cru que ce fût en Chine un usage courant d’engraisser des cochons violets avec la chair des petits enfants, on a bien le droit d’en garder quelque rancune. Mais il est vrai que M. Sarcey a l’âme aussi peu religieuse qu’il se puisse. Dans bien des cas, il a pour lui le bon sens et la justice ; mais il est d’autres cas où il pourrait distinguer entre l’action blâmable ou ridicule et les mobiles encore plus intéressants qu’intéressés. Il y a