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Le fait est que l’on parcourt avec un plaisir très vif les Maximes de la vie de la comtesse Diane. Le charme de ce petit livre, c’est qu’il est franchement féminin : il a la grâce, la légèreté et, dans son manque apparent d’unité, un joli caprice. Sa principale matière, c’est l’homme dans la société : il est plein de ces remarques que l’on sent bien venir d’une femme, qu’elle a dû faire dans quelque salon, au courant d’une causerie. Une femme dont presque toute la vie se passe dans le monde, en réceptions et en conversations, une femme entourée et courtisée et dont la présence seule met les vanités en éveil et aussi les désirs et les tendresses, ne doit-elle pas, avec son intelligence plus rapide et sa sensibilité plus délicate, recueillir dans la comédie mondaine de plus fines impressions que nous, mieux saisir certaines faiblesses ou certains ridicules, démêler en elle et autour d’elle, de plus rares complications ou de plus subtiles nuances de sentiments ? Sur l’amour, sur le mariage et sur les défauts qui se trahissent surtout dans les relations mondaines, son expérience peut aller plus loin que la nôtre. On s’en aperçoit çà et là dans ce petit bréviaire.

Et ce qui ferait reconnaître encore (si on ne le savait) qu’il a été écrit par une femme, c’est l’aimable étourderie avec laquelle elle pille souvent, sans le savoir, les classiques du genre et invente de nouveau ce qui a été dit longtemps avant elle.

On dit qu’on voudrait mourir ; oui, on le voudrait…, mais on ne le veut pas.