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ramène tout l’effort du faiseur de maximes. Et ces observations générales, il y a beau temps qu’elles ont été faites : on ne peut qu’en varier la forme (il est vrai qu’on le peut indéfiniment et qu’on y peut mettre sa marque personnelle) ».

« Un genre futile ; car, pourvu qu’on ait un peu lu, qu’on ait une teinture de philosophie et une expérience telle quelle de la vie et des passions humaines, toutes les pensées qui nous viennent sont nécessairement vraies. Cela est aisé à comprendre. Il n’y a pas de loi universelle des actes et des sentiments humains : dès lors on est bien sûr que toute maxime trouvera son application dans la réalité, car elle constatera forcément ou ce qui arrive presque toujours ou ce qui arrive quelquefois : si elle ne vise pas la règle, elle visera l’exception. Dans le premier cas, le lecteur dira : « Comme c’est vrai ! » et dans le second cas : « Tiens ! tiens ! c’est vrai tout de même » — à moins qu’il ne se contente de dire, dans le premier cas : « Hum ! si on veut ! » et dans le second : « Dame ! c’est bien possible ! »

« Pourtant la plupart des maximes, quand elles ne sont pas tout à fait misérables, semblent tout de suite piquantes et ingénieuses — justement parce qu’elles ont un petit air d’oracle, parce qu’on nous les jette à la tête sans explications et sans preuves, parce qu’elles sont, pour ainsi dire, coupées de leurs racines. On se laisse séduire à ce qu’elles ont quelquefois d’imprévu et d’indémontré. On a tort, car à le bien prendre, ce