Page:Lemaître - Les Contemporains, sér2, 1897.djvu/203

Cette page n’a pas encore été corrigée

on tâche d’en donner quelque raison ou d’en tirer quelque remarque qui témoigne à la fois de notre esprit et de notre cœur. À cette catégorie se rapportent toutes les réflexions sur ce thème, qu’il est meilleur d’aimer que d’être aimé. On dira fort bien : Celui que j’aime ne me doit rien, puisque je l’aime ! Beaucoup de pensées de cette espèce commencent ainsi : Il y a une douceur secrète… Il y a je ne sais quel charme… Il y a un plaisir délicat… Par exemple : Il y a un plaisir délicat, pour un bel homme, à respecter la femme de son ami. Comme ce genre supporte et même suppose une psychologie très fine on ne craindra pas, au besoin, d’allonger un peu la pensée, en la tarabuscotant. On dira : L’opinion publique, en flétrissant l’homme qui est l’obligé de sa maîtresse, ne laisse-t-elle pas entendre que la femme nous fait, en se donnant, un don complet auquel elle ne saurait ajouter sans le diminuer par là même !

« Nous appellerons cela la pensée genre Vauvenargues ou genre Joubert ». Celles que je viens de produire sont du Joubert-Jocrisse ou du Vauvenargues-Guibollard ; mais, encore une fois, je n’ai voulu qu’indiquer le tour et le ton.

« Ou bien on prend des vertus proches voisines ou des vices parents, et l’on s’évertue à saisir les nuances qui les distinguent. Soit : orgueil, vanité, amour-propre, fatuité. On écrit bravement : L’orgueil est viril, la vanité est féminine, l’amour-propre est humain. — La fatuité est la vanité de l’homme dans ses rapports avec la femme.