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pittoresque, qui change avec le temps, mais le fond du théâtre de Racine est éternel ou, ce qui revient au même, contemporain du génie de notre race dans tout son développement, et la forme est celle qu’a revêtue ce génie à son moment le plus heureux. Rien donc, dans ces tragédies, ne nous est étranger, pas même les choses empruntées aux époques reculées. Mêlées discrètement à d’autres plus neuves, elles ne nous choquent point, car elles viennent d’une antiquité qui est la nôtre, d’où nous sortons, que nous connaissons bien et que nous aimons. Tout s’accorde et se marie, et nous entendons se plaindre dans ces drames une âme qui est à la fois la nôtre et celle de nos ancêtres proches ou lointains. Remercions M. Deschanel d’avoir si bien commenté ce qu’elle dit, d’avoir si bien senti et loué comme il le mérite ce théâtre si vrai, si triste et si harmonieux.