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Du moins cela saute-t-il assez aux yeux pour se passer d’explication ? — Dépêchons-nous de dire que M. Deschanel n’a, du reste, rien écrit de plus spirituel ni de plus amusant que l’histoire des représentations d’Esther.

Athalie, dit M. Deschanel, est pleine « d’effets et de contrastes romantiques »[1]. Les contrastes se réduisent, ce me semble, à celui de la forme et du fond, à celui que fait « la férocité singulière » du sujet avec « les draperies éclatantes d’un style prestigieux et les couleurs de la poésie religieuse la plus sublime ». — Athalie est encore romantique parce que la pièce est tirée de la Bible et que la Bible est éminemment romantique[2]. Pourquoi ? Apparemment parce que la Bible contient l’histoire et la littérature d’un peuple d’Orient et que le chef du romantisme a fait des Orientales.

Pourtant M. Deschanel a besoin d’un effort pour goûter Athalie, à cause du fanatisme monarchique et religieux qui est l’âme de cette tragédie. Mais il goûtait fort Mithridate parce que Mithridate est bien un roi d’Orient ; il devrait donc goûter Joad parce que Joad, malgré quelques atténuations, est bien un prêtre juif. D’où vient que la vérité historique qui, là, lui paraissait chose romantique et par suite admirable — ou chose admirable et par suite romantique (car il hésite entre les deux vues) — n’excite point ici son

  1. II, p. 215.
  2. II, p. 226.