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    Sans chercher des parents si longtemps ignorés
    Et que ma folle amour a trop déshonorés, etc.[1].

Qu’est-elle qu’une bâtarde romantique, une sœur enragée de Didier, moins rêveuse et plus violente ? M. Jean Richepin verrait en elle une quasi Touranienne et l’appellerait sa grand’mère. Il ne serait pas impossible, avec un peu d’art, de soutenir ce badinage.

M. Deschanel démonte avec beaucoup d’adresse l’admirable tragédie de Phèdre, nous fait toucher du doigt comment elle est composée, ce qu’elle garde d’Euripide et de Sénèque, ce que Racine y a mis du sien. « L’édifice a trois étages, trois ordres, dont les provenances diverses s’accusent dans la conception et dans le style : l’ordre attique, l’ordre romain, l’ordre français ; je dis trois ordres de poésie et de civilisation[2]. » Est-il vrai que les provenances diverses des trois ordres « s’accusent dans la conception et dans le style » ? Car alors comment se fait-il que l’œuvre soit aussi harmonieuse ?

Naturellement cette complexité d’éléments, leur appropriation au goût du XVIIe siècle paraît à M. Deschanel le comble du romantisme.

Notez qu’Euripide le premier avait été romantique en introduisant dans la tragédie les passions de l’amour[3]. Le style même d’Euripide est déjà romantique. En voulez-vous un exemple ? On connaît la mystique

  1. 1. Iphigénie, II, sc. 1.
  2. II, p. 121.
  3. II, p. 72.