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quatre, et encore l’une des deux en sortit. Et puis, quelle raison avons-nous de croire, ou que Racine les ait peu pleurées, où même qu’il y eût lieu de les pleurer, et que nous devions nous attendrir sur elles comme sur des victimes ? Qu’en savons-nous, je vous prie ?

« Racine, qui avait flatté Mme de Montespan toute-puissante…, n’hésita pas à tourner ses adulations de l’autre côté, aussitôt qu’elle cessa d’être en faveur[1] » M. Deschanel parle encore ici d’« ingratitude[2] ». Je ne me sens pas entièrement convaincu. Racine a eu tort de flatter Mme de Montespan s’il ne l’aimait pas : on ne saurait le blâmer d’avoir loué Mme de Maintenon, qui avait du goût pour lui, pour laquelle il semble avoir eu beaucoup d’affection, qui était pieuse à une époque où il était lui-même dévot, et qui, enfin, était peut-être plus femme qu’on ne croirait : ces personnes graves, décentes et avisées, ont parfois de grandes séductions. Il a fait sa cour à Mme de Montespan par intérêt et parce que c’était l’usage ; il l’a faite à Mme de Maintenon par reconnaissance et sympathie : voilà donc son crime diminué de moitié. Les vers sur la disgrâce de « l’altière Vasthi » sont l’indispensable préambule du récit d’Esther : les contemporains y virent une allusion que peut-être le poète n’y avait pas mise.

On dirait vraiment que quelques-uns en veulent

  1. II, p. 173.
  2. II, p. 175.