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nisme et s’en allait en 1848 siéger à la Montagne, qui se drapait dans sa robe blanche avec un peu de la jactance d’un d’Artagnan monastique et se livrait en même temps, dans la crypte de son couvent, aux sanglantes macérations des premiers ascètes — a continué d’exercer sur ses fils une très puissante influence qui me paraît avoir été de deux sortes : heureuse par la transmission de son généreux esprit, déplaisante quelquefois par la tradition de son éloquence aventureuse et si personnelle, qu’ils ont imitée avec quelque maladresse. Car ils lui empruntaient sa fragile apologétique sans le grand souffle qui la soutenait (en l’air), ses bizarreries de style sans sa prestigieuse imagination, toute sa manière enfin sans s’apercevoir qu’ils n’avaient ni ses dons originaux ni surtout son public.

Mais il semble que depuis quelques années les Frères prêcheurs soient revenus à un genre de prédication plus modeste, plus pratique, mieux accommodé à un auditoire chrétien, qu’ils se soient ressouvenus du bon vieux « sermon », du sermon de Bossuet et de Bourdaloue. Puis, ils viennent de découvrir saint Thomas d’Aquin. Je crois que le Père Monsabré a été pour beaucoup dans ce retour aux traditions de la chaire catholique.