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d’entrer chez les dominicains, l’abbé Monsabré fut vicaire à Mer (Loir-et-Cher), où son frère était curé, On m’assure que le conférencier de Notre-Dame est le plus brave homme du monde et qu’il est très gai, d’une gaieté facile, joviale, bruyante, presque gamine.

Quelqu’un me dit : « Cette gaieté des moines échappés dans les jardins des couvents entre deux exercices religieux est quelque chose de très particulier. Notre gaieté à nous grimace presque toujours et n’est presque jamais inoffensive. Mais cette allégresse monastique ressemble à la gaieté des enfants, exprime la légèreté d’âme et la sécurité complète. Ces hommes sont affranchis par leur genre de vie de tout souci matériel et ont d’ailleurs toutes les certitudes : dès lors comment seraient-ils tristes ? Ils ont l’enfance du cœur qui permet de s’amuser à des riens. — Quelquefois aussi (et alors elle est moins aimable et sonne un peu faux aux oreilles des profanes), cette gaieté laisse entrevoir une arrière-pensée d’édification ; elle paraît commandée et voulue ; elle s’étale comme un argument en faveur de la foi, comme un défi à la tristesse ou aux rires mauvais des pécheurs. Il n’en est pas moins vrai qu’en ces temps moroses les derniers refuges de la gaieté innocente, ce sont les salles d’asile, les écoles primaires et les couvents. La belle humeur des religieux et, en général, des hommes d’Église n’est point une invention des conteurs du moyen âge. Dans les séminaires grands et petits, il