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ils comprennent juste autant que s’ils entendaient.

La nef centrale, où sont admis seulement les hommes est déjà à moitié pleine au moment où j’arrive. Les femmes sont rejetées dans les bas côtés ou perchées dans les galeries à jour qui longent la grande nef. Elles sont en assez petit nombre et j’en vois peu d’élégantes. Cette vieille cathédrale démesurée n’attire point les femmes. Elles ont des églises plus petites, chauffées, confortables, qui sont d’aujourd’hui et qui sont à elles : Notre-Dame est d’autrefois et est à tout le monde. Ce vaisseau est si vaste, si haut, si solennel, que les froufrous, les chuchotements, les petites mines s’y sentiraient mal à l’aise. Tout ce minuscule y serait ridicule, presque sacrilège. Une Parisienne, habillée comme elles le sont à présent, y ferait l’effet d’un contresens, d’une petite tache fort jolie, mais absurde.

Quant aux hommes qui sont là, quels sont-ils ? Il ne me paraît pas que l’auditoire soit aussi brillant, à beaucoup près, qu’au temps de Lacordaire ou même du Père Hyacinthe, alors qu’un grand nombre de ceux qui comptent dans la littérature ou dans la politique se pressaient, comme on dit, autour de la chaire. Je remarque d’abord que la plupart des auditeurs sont des croyants : ils prient, ils suivent la messe qu’on dit avant le sermon. Je vois beaucoup de vieux messieurs et de jeunes gens à tête de séminariste. J’ai à côté de moi un mince adolescent, de mise soignée, pâle, l’œil bleu et profond, la bouche enfantine, évidemment