Page:Lemaître - Les Contemporains, sér2, 1897.djvu/118

Cette page n’a pas encore été corrigée

M. Anatole France a rendu après d’autres, après Victor Hugo, après Mme Alphonse Daudet, quelques-uns de ces aspects de l’enfance, cet éveil progressif à la vie de la pensée et à la vie des passions, — mais à sa façon, dans un esprit plus philosophique et par une analyse plus pénétrante. Ce qu’il raconte d’ailleurs, ce sont les impressions d’un petit enfant très particulièrement doué, d’un enfant qui sera un artiste, un contemplateur, un rêveur, et qui prendra surtout le monde comme un spectacle pour les yeux et comme un problème pour la pensée, non comme un champ de bataille ou comme un magasin de provisions où il s’agit avant tout de se faire sa part. Et le caractère de cet enfant se marque plus clairement par le voisinage d’un autre enfant doué de qualités différentes, mieux armé pour la lutte et pour l’action : le petit Fontanet, « ingénieux comme Ulysse », si malin, si déluré, si débrouillard, qui deviendra « avocat, conseiller général, administrateur de diverses compagnies, député ».

Faut-il rappeler quelques traits de ces histoires enfantines ? L’embarras est grand : ce que je citerai me laissera le remords de paraître négliger ce que je ne cite point :

    Tout dans l’immortelle nature
    Est miracle aux petits enfants.
   .......................
    Ils font de frissons en frissons
    La découverte de la vie.