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des historiettes qui finissent bien, ils auront au moins un demi-sourire et nous les donneront franchement pour des berquinades, comme a fait M. Halévy dans l’Abbé Constantin. Mais ce ne sera qu’un jeu passager. Ils auraient peur, en accueillant les dénouements agréables, de sortir de l’art, de plaire à trop bon compte, par des moyens qui ne relèvent pas de la littérature, par autre chose que par une traduction personnelle de la réalité. Joignez que l’observation un peu poussée devient nécessairement morose. Enfin ils ne sont pas fâchés de se distinguer de la foule : leur pessimisme, absolu ou mitigé, leur donne une sorte d’orgueil, comme s’il était l’effet d’une clairvoyance supérieure. Ce sont là scrupules et faiblesses d’artistes : c’est dire que M. Ohnet ne les a point.


II

Je ne lui ferai pas un reproche de n’avoir point inventé ses sujets. Tous les romans se ramènent à un petit nombre de drames typiques, et ces éternelles histoires ne se peuvent guère renouveler que par l’invention des personnages, par l’étude des mœurs ou par la forme. Mais je ne pense pas qu’on trouve grand’chose de tout cela dans les romans de M. Georges Ohnet.

Ses figures sont de pure convention, et de la plus usée et souvent de la plus odieuse.