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froisser en nous quelque illusion ou quelque délicatesse morale — le comique et le sensuel se mêlant toujours, par bonheur, à ces combinaisons presque sacrilèges, non précisément pour les purifier, mais pour empêcher qu’elles ne soient pénibles. — Tandis que d’autres nous peignaient la guerre et ses effets sur les champs de bataille ou dans les familles, M. de Maupassant, se taillant dans la matière commune une part bien à lui, nous montrait les contrecoups de l’invasion dans un monde spécial et jusque dans des maisons qu’on désigne d’ordinaire par des périphrases. On se rappelle l’étonnant sacrifice de Boule-de-Suif et la conduite et les sentiments impayables de ses obligés, et dans Mademoiselle Fifi la révolte de Rachel, le coup de couteau, la fille dans le clocher, puis reconduite et embrassée par le curé, épousée enfin par un patriote sans préjugés. Notez que Rachel et Boule-de-Suif sont certainement, avec miss Harriet, le petit Simon, le curé d’Un baptême (je crois bien que c’est tout), les personnages les plus sympathiques des contes. Voyez aussi la pension Tellier conduite par « Madame » à la première communion de sa nièce, et les contrastes ineffables qui en résultent ; et le « truc » du capitaine Sommerive pour dégoûter le petit André du lit de sa maman, et l’impression très particulière qui se dégage de ce conte (le Mal d’André), dont on se demande s’il a le droit d’être drôle, encore qu’il le soit « terriblement ».

Il y a dans ces histoires et dans quelques autres