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Et je les vis, | assises
  Dans leur gloi | re, sur leurs trônes d’or | ou debout, |
  Reines de clarté | dans la clarté. | Mais surtout, etc…

ou bien :

 . . . . . . . . Et, triomphant sans vaines
  Entra | ves, ses beaux seins aigus montraient leurs veines
  D’un pâle azur…

ou encore :

  Et, secouant ses lourds cheveux épars, | aux fines
  Lueurs d’or, | elle dit ces paroles divines.

Et il ne s’aperçoit pas qu’à moins d’une accentuation iroquoise, qui amuse dans des vers burlesques mais qui serait déplaisante ici, la rime, à laquelle il a tout sacrifié, disparaît elle-même par cette suppression du rythme traditionnel.

Il y a pourtant, dans cette paradoxale théorie sur la rime, sur son rôle, sur la manière dont elle nous vient, une assez grande part de vérité. Ou plutôt cette théorie est vraie pour M. de Banville : c’est sa propre pratique érigée en précepte. Mais aussi je conçois très bien une marche de composition absolument inverse : la rime trouvée la plupart du temps à la fin, non au commencement ; les « vers nécessaires » surgissant d’abord en grand nombre et presque sans préoccupation de la rime, puis accouplés ou reliés par un travail de patience et d’adresse. La rime alors ne joue qu’un rôle subordonné. Tous les mots éclatants ne sont pas à la fin du vers. Même les classiques y plaçaient volon-