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quand même, le poète mêle sinistrement la nature à ses tableaux pour les agrandir et les « horrifier ». Le meeting des mineurs se meut dans de blêmes effets de lune, et la promenade des trois mille désespérés dans la lueur sanglante du soleil couchant. Et c’est par un symbole que le livre se conclut : Étienne quitte la mine par une matinée de printemps, une de ces matinées où les bourgeons « crèvent en feuilles vertes » et où les champs « tressaillent de la poussée des herbes ». En même temps il entend sous ses pieds des coups profonds, les coups des camarades tapant dans la mine : « Encore, encore, de plus en plus distinctement, comme s’ils se fussent rapprochés du sol, les camarades tapaient. Aux rayons enflammés de l’astre, par cette matinée de jeunesse, c’était de cette rumeur que la campagne était grosse. Des hommes poussaient : une armée noire, vengeresse, qui germait lentement dans les sillons, grandissant pour les récoltes du siècle futur, et dont la germination allait faire bientôt éclater la terre. » Et de là le titre du livre.

Que veut dire cette fin énigmatique ? Qu’est-ce que cette révolution future ? S’agit-il de l’avènement pacifique des déshérités ou de la destruction du vieux monde ? Est-ce le règne de la justice ou la curée tardive des plus nombreux ? Mystère ! ou simplement rhétorique ! Car tout le reste du roman ne contient pas un atome d’espoir ou d’illusion. Je reconnais d’ailleurs la haute impartialité de M. Zola : les gros