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XVIIe siècle ? J’avais donc raison de dire que ses principes ne sont peut-être que des sentiments qu’il érige en lois. Il loue ou blâme les livres selon qu’ils suivent ou enfreignent les règles qu’il a dégagées de ses modèles préférés, si bien qu’au fond ce qui est beau, c’est ce qui lui plaît.

Le XVIIe siècle lui plaît étrangement. Il a beau affecter avec ses grands écrivains l’indépendance d’esprit qu’il porte partout ailleurs ; ce n’est qu’une feinte. Au fond, il leur passe tout, car il les aime ; il les trouve meilleurs que nous et plus originaux, et il ne voudrait pas avouer, bien que sa sincérité l’y force quelquefois, qu’on ait inventé quoi que ce soit depuis eux. N’essayez pas de lui dire : « Ils sont plus parfaits que nous et pensent mieux ; mais enfin nous sommes peut-être plus intelligents, plus ouverts, plus nerveux, plus amusants par nos défauts et notre inquiétude même ». Vous verrez de quel mépris il vous traitera.

Cette foi absolue, qui communique tant de vie et de mouvement à sa critique, il la justifie, comme j’ai dit, par les meilleures raisons du monde. J’essaye d’y entrer et je les comprends ; mais — que voulez-vous ? — je ne les sens pas toujours.

Et, par exemple, je trouve assurément que Bossuet est un très grand écrivain ; même je ne vois pas qu’il soit aussi vide d’idées personnelles, aussi dénué d’originalité de pensée que l’ont voulu Rémusat et Paul Albert. Mais je ne saurais m’élever jusqu’à