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tin : «Banal, le vieux fonds de l’homme ? Pas tant que vous ! — Vous méprisez les bourgeois ? Bourgeois vous même !  »


III

Comme il a ses manies, M. Brunetière a peut-être ses préjugés. J’appelle préjugé (comme tout le monde) l’opinion des autres quand je ne la partage pas ; mais j’appelle aussi préjugé une croyance que vous estimez appuyée sur la raison et qui n’est pourtant, en réalité, qu’une préférence de votre tempérament ou un sentiment tourné en doctrine. Or il me paraît que M. Brunetière a des croyances de cette espèce. Non pas qu’il ne cherche et ne trouve même de bonnes raisons pour leur donner une autre valeur que celle de préférences et de goûts personnels ; mais il ne parvient pas à m’ôter mes doutes, et, du reste, quand il me convaincrait, il ne me persuaderait pas.

Ces préjugés, je n’en prendrai des exemples que dans les études de M. Brunetière sur nos contemporains. Ce sont celles qui m’intéressent le plus, et d’ailleurs je l’y trouve tout entier, puisqu’il ne juge les écrivains d’aujourd’hui que par comparaison avec ceux du XVIIe siècle et que l’opinion qu’il a de ceux-ci est contenue dans le jugement qu’il porte sur ceux-là.

D’abord il croit fermement à la hiérarchie des genres ; il classe avec une extrême assurance ; il a, sans doute, des instruments de précision pour déter-