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FERDINAND BRUNETIÈRE[1]

M. Ferdinand Brunetière, qui aime peu, n’est point aimé passionnément. Les jeunes, ceux de la nouvelle école, le méprisent, le conspuent, l’égorgeraient volontiers. Les professeurs de l’Université le disent pédant, afin de paraître légers. Il a contre lui les faux érudits et les érudits trop entêtés d’érudition. Il n’a pour lui ni les frivoles ni les sensibles ou les nerveux. Les femmes le lisent peu. Les sympathies qu’il inspire sont rares et austères. Avec cela, il est quelqu’un ; son avis compte, on sent qu’il n’est jamais négligeable. En un mot, il a l’autorité.

L’autorité, pourrait-on dire en empruntant une tournure à La Bruyère, n’est pas incompatible avec le mérite, et elle ne le suppose pas non plus. Du moins

  1. Études sur l’histoire de la littérature française ; Nouvelles études : 2 vol. in-12 (Hachette). — Histoire et littérature ; le Roman naturaliste : 2 vol. in-12 (Calmann-Lévy).