pas renouvelé tout seul ; mais il l’a cultivé avec prédilection et bonheur ; il l’a enrichi, amplifié, élevé, autant qu’il se pouvait, jusqu’au grand art ; il en a fait sa chose et son bien et, s’il va à la postérité, comme je l’espère, c’est de ce tremplin que son bond partira.
On sait que les Odes funambulesques et les Occidentales sont d’inoffensives satires des hommes et des ridicules du jour dans les dernières années du règne de Louis-Philippe et pendant le second Empire. Je remarque en passant que les Odes et le Commentaire donnent l’idée d’un Paris autrement agréable que celui d’à présent. C’était un Paris plus parisien. Il y avait encore des « coins » où tout le monde se rencontrait. Aujourd’hui il n’y a plus de coins, les distances sont démesurées, Paris devient une immense ville américaine. Il faudrait le rapetisser, résolument ; mais je suis sûr que le conseil municipal n’aura pas cette pensée si simple.
Si maintenant l’on recherche les procédés de ce genre spécial, on verra qu’ils consistent presque tous dans des contrastes et des surprises. L’ode funambulesque est la parodie d’une ode connue (Voyez le Mirecourt, Véron le baigneur, l’Odéon, Nommons Couture, Nadar, etc.), ou c’est une parodie de l’ode en général (Voyez la Tristesse d’Oscar, le Critique en mal d’enfant, la Pauvreté de Rothschild, Molière chez Sardou, etc.) ; et dans les deux cas le comique naît, très clair et très gros, d’une disproportion prodigieuse