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MADAME ALPHONSE DAUDET[1]

La bonne reine de Navarre a des grâces subtiles et lentes dans son Heptaméron ; Mme de Sévigné est restée « divine », comme on l’appelait déjà de son temps, et Mme de La Fayette a écrit un exquis roman racinien. Je ne suis pas sûr que la moindre femmelette du XVIIe siècle écrivît mieux, selon le mot de Courier, que nos grands hommes d’aujourd’hui ; mais elles écrivaient bien, sans y tâcher, et les femmes du XVIIIe siècle n’écrivaient pas mal non plus, en y tâchant. Mme de Staël et George Sand ont été des écrivains au sens le plus complet du mot, et qui, je crois bien, avaient du génie, l’une à force d’ouverture d’esprit et de gravité enthousiaste, l’autre par la largeur de sa sympathie et l’ardeur de sa passion, par l’abondante invention des fables et le flot du verbe d’un livre

  1. Impresssions de nature et d’art, chez Charpentier ; Fragments d’un livre inédit chez Charavay.