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sympathies. On baptise d’un nom emprunté à la période historique que l’on préfère non seulement ce qu’on trouve de meilleur dans toute la vie écoulée de l’humanité, mais ce qu’on sent de meilleur en soi et dans les hommes de son temps. De cette façon, l’hellénisme n’est plus qu’une forme particulière de la grande et salutaire « philosophie de la curiosité ».

Ainsi entendu, l’hellénisme est un beau rêve et qui peut même servir de support à la vie morale et de secours dans les heures mauvaises par les habitudes de sérénité et de fierté qu’il engendre chez ses élus. Il n’est point impossible que pour ces âmes choisies l’amour de la beauté soit dans la vie un directeur et un consolateur très suffisant. Joignez que l’hellénisme a cet avantage, considérable au moment où nous sommes, de sauver ses adeptes du pessimisme, qui est peut-être le vrai, mais qui n’en a pas moins tort et qui, en outre, devient désagréable et commun. Enfin, quand je parlais de la froideur du néo-hellénisme en littérature, je me trompais sans doute. Qu’on lise les romans païens de Mme Juliette Lamber. On sent si bien une âme sous la forme parfois artificielle et composite et, à supposer qu’elle veuille saisir un mirage, elle met si bien tout son coeur dans cette poursuite, elle se tourmente si étrangement pour atteindre à la sérénité grecque, son hellénisme — moins pur peut-être et moins authentique qu’elle ne le croit — est si bien sa religion, sa vie et son tout, qu’il faut reconnaître que son œuvre, en