raffinement artistique au paganisme de plusieurs de nos contemporains. Si tout le moyen âge n’avait pleuré et saigné sous la Croix, Mme Juliette Lamber jouirait-elle si profondément de ses dieux grecs ?
V
En résumé, l’hellénisme est pour les hommes d’aujourd’hui un rêve de vie naturelle et heureuse, dominée par l’amour et la recherche de la beauté surtout plastique et débarrassée de tout soin ultra-terrestre. Ce rêve passe, à tort ou à raison, pour avoir été réalisé jadis par les Hellènes. Ceux du temps d’Homère ou ceux du temps de Périclès ? On ne s’accorde pas là-dessus ; mais peu importe.
Ce rêve comporte peut-être une idée incomplète de la nature humaine ; car enfin la préoccupation et le besoin du surnaturel sont aussi naturels à certains hommes que leurs autres sentiments.
Ce rêve suppose — chez ceux pour qui il est autre chose qu’une fantaisie passagère et qui oublient ou méprisent en sa faveur deux mille années pourtant bien intéressantes — une conception excessivement optimiste du monde et de la vie. Ce rêve laisse entendre qu’il n’y a point sur la terre d’horribles souffrances physiques, des infirmités incurables, des morts d’enfants qu’on aime, une injustice monstrueuse dans la répartition des biens et des maux, des êtres sacrifiés