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nature deviennent dans le christianisme des dons mauvais. N’est-ce pas, Jean ?

— Tu as raison, tu dis bien, Madeleine, répliquai-je. Le christianisme donne à l’homme le mépris des joies de ce monde et par conséquent l’éloigne de la femme, qui en est la dispensatrice. Il est logique dans ses méfiances. La femme tient de plus près à la nature que l’homme. Elle en exerce une puissance directe dans la maternité. Jésus se détourne de la nature et de sa mère avec dédain. « Qu’y a-t-il de commun entre vous et moi ? » demande le Sauveur des âmes à toutes deux. Rien, Seigneur ! Vous reniez vos mères et par votre naissance et par vos miracles. Jésus n’impose les mains sur le grand réel que pour en troubler les lois, pour bouleverser les attributs simples et déterminés des choses, pour marcher sur les eaux, pour ressusciter les morts, etc.[1].

Ainsi, pour les vrais néo-Grecs, le christianisme est l’ennemi et l’étranger. L’hellénisme était le tranquille développement de l’esprit de la race aryenne : le christianisme, ç’a été la perversion de ce génie lumineux par le sombre génie des Sémites. Dès lors l’affreux souci de l’au delà, la subordination et le sacrifice de cette vie terrestre au rêve d’une autre vie, ont flétri, diminué, corrompu les hommes. Les néo-Grecs intransigeants font même remonter le mal jusqu’à Socrate, un faux Hellène qu’on a bien fait de condamner à mort pour impiété. L’absorption du virus sémitique a rendu l’Occident malade pendant deux mille ans, et il n’est pas près d’être guéri. Le

  1. Jean et Pascal, p. 162-163.