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intérêt étant moins visiblement lié à celui d’une patrie plus étendue et plus complexe, il y aurait dans son dévouement moins de fureur instinctive, plus de volonté, plus de résignation, un désintéressement plus haut…

La forme, dans les romans de Mme Juliette Lamber, sera-t-elle grecque, à défaut des sentiments ? Je ne sais de vraiment grec, dans notre littérature, que les idylles d’André Chénier, et peut-être certaines pièces de Leconte de Lisle (Glaucé, Clytie, l’Enlèvement d’Hélène). Le roman de Grecque observe avec le plus grand soin la forme antique et offre une intéressante tentative d’appropriation du style homérique à un récit moderne. Mais encore y a-t-il un souci du pittoresque, une longueur complaisante et détaillée de descriptions, un sentiment de la nature dont la ferveur et la curiosité sont bien choses d’aujourd’hui. Puis, si heureux que soit un pastiche de cette sorte, trop prolongé il risquerait de fatiguer en exigeant un effort trop continu « d’imagination sympathique », effort assez facile à soutenir quand on l’applique à une œuvre antique pour de vrai, moins facile lorsqu’il s’agit d’un jeu, d’un exercice d’imitation savante. Quant aux autres romans de Mme Juliette Lamber, on a assez vu par les citations (car ici le fond emporte la forme) s’ils avaient toujours l’accent grec. Même dans les pages où l’auteur est le plus attentif, il écrit en « prose poétique », — c’est-à-dire avec un tour plus moderne et toutes les différences qu’on voudra,