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primer vingt-cinq ou trente siècle dont nous héritons. Nous avons en nous des germes que les générations y ont déposés, qui n’ont rien de grec et que nous ne pouvons étouffer. Nous vivons dans un milieu qui nous avertit que nous ne sommes point Grecs et qui sans cesse nous modifie dans un tout autre sens.

Mais ce n’est pas tout. Ce que nous rêvons sous le nom d’hellénisme, est-ce si grec que cela ? Le néo-hellénisme n’est-il pas plus nouveau que grec ? Nous figurons-nous bien la vie grecque comme elle était ? N’y aimons-nous pas beaucoup de choses que nous y mettons ? N’y a-t-il pas, dans notre admiration même de l’art grec, une part de noble et heureuse duperie ?

L’un nous dit :

  Bienheureuse la destinée
  D’un enfant grec du monde ancien[1] !

L’autre :

 Jadis j’aurais vécu dans les cités antiques, etc.[2]

Ils nous disent tous qu’ils auraient voulu vivre à Athènes, y faire de la gymnastique, entendre les orateurs, suivre les processions, assister aux représentations tragiques qui duraient des jours entiers… Eh bien ! pas moi ! je le dis franchement. On sous-entend peut-être que, transportés à Athènes, nous y

  1. Sully-Prudhomme, Croquis italiens.
  2. Emmanuel des Essarts.