Page:Lemaître - Les Contemporains, sér1, 1898.djvu/147

Cette page n’a pas encore été corrigée

peut-être, en y regardant de près, que ce n’est là, forcément, qu’une fantaisie de modernes qui se pare d’un nom ancien ; on démêlerait la part d’illusion, voulue ou non, que renferme le néo-hellénisme ; on reconnaîtrait enfin à quel point cette fantaisie est aristocratique et combien peu de personnes en sont capables, mais aussi comme elle est belle et bienfaisante.

II

Il faut écarter la question de savoir si, comme paraît le croire Mme Juliette Lamber, une personne bien douée, de notre temps et de notre race, abandonnée à elle-même et soustraite à toute influence moderne, arriverait sûrement à penser, sentir et vivre comme un Grec ancien ; en d’autres termes, si la vie grecque dans son ensemble présente le développement le plus naturel de l’animal raisonnable qui est l’homme.

Élevés autrement que Mélissandre, notre néo-hellénisme est plutôt chose acquise que fruit de nature. Il consiste à aimer et à admirer, l’art, la littérature et la religion des Grecs (ce qui suppose passablement d’étude), et à essayer de se faire l’âme et la vie d’un Athénien du temps de Périclès (quelques-uns diraient : d’un Ionien du temps d’Homère).

Il est clair d’abord que ceux qui font ce rêve savent bien que ce n’est qu’un rêve. Nous ne pouvons