Page:Lemaître - Les Contemporains, sér1, 1898.djvu/145

Cette page n’a pas encore été corrigée

mêmes ou l’un dans l’autre des découvertes qui les ravissent. (Il fallait de l’audace et je ne sais quelle candeur passionnée pour concevoir et entreprendre un livre de cette sorte.)

Ainsi l’œuvre de Mme Juliette Lamber n’est que l’hymne triomphant des sentiments humains les plus nobles et les plus joyeux : l’amour de l’homme et de la femme (Païenne), l’amour de la patrie (Grecque), l’amour de la beauté (Laide), et partout l’amour de la nature, et partout le culte des dieux grecs : car toutes sont païennes et la Grecque Ida est une païenne pratiquante. Et le patriotisme de Mme Juliette Lamber s’efforce aussi d’être antique et païen. La patrie est chose concrète : c’est l’ensemble des biens qui font pour un peuple la douceur et la beauté de la vie ; là encore le mysticisme n’a que faire. Le lieutenant Pascal finit par reconnaître que son patriotisme ascétique, culte d’une abstraction à laquelle il sacrifie ses sentiments naturels, n’est qu’une sublime erreur, et il se décide à aimer la France dans la personne d’une Française[1].

Ce naturalisme respire non seulement dans les œuvres franchement païennes de Mme Juliette Lamber, mais dans ses moindres nouvelles. La nature y est partout plus qu’aimée, — adorée, et partout les divinités grecques y sont évoquées et invoquées, et jusque dans des dialogues entre personnages qui

  1. Jean et Pascal.