ÉDOUARD GRENIER
On voit dans les musées des tableaux anonymes avec ces inscriptions au bas
du cadre : École vénitienne, École flamande. Souvent ces tableaux sont
intéressants et bien peints. Ils doivent être de quelque disciple
intelligent de Titien ou de Rubens. Certains morceaux pourraient aussi bien
avoir été peints par ces maîtres. Mais justement l’honneur et le malheur
de ces tableaux est de rappeler toujours et inévitablement des oeuvres
supérieures. Il arrive pourtant qu’en sachant regarder, on découvre la
personnalité de l’auteur, quelque chose qui est à lui et vient de lui. Et
si l’on n’en est pas tout à fait sûr, on se dit : « Après tout, cet homme a
dû vivre heureux et son lot est certainement enviable. C’était sans doute
une âme pure, généreuse, éprise de la beauté, un tra-