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et sans chemin de fer », ou bien « vicaire dans un vieil évêché de province, très loin ». Mais n’y a-t-il pas un peu de gageure vers la fin de ce dizain d’ailleurs joli ?

  C’est vrai, j’aime Paris d’une amitié malsaine ;
  J’ai partout le regret des vieux bords de la Seine.
  Devant la vaste mer, devant les pics neigeux,
  Je rêve d’un faubourg plein d’enfance et de jeux,
  D’un coteau tout pelé d’où ma muse s’applique
  À noter les tons fins d’un ciel mélancolique,
  D’un bout de Bièvre avec quelques champs oubliés,
  Où l’on tend une corde aux troncs des peupliers
  Pour y faire sécher la toile et la flanelle,
  Ou d’un coin pour pêcher dans l’île de Grenelle.

Eh ! oui, je sens aussi ce charme là, en m’appliquant. Et je me souviens d’un passage de Manette Salomon où la poésie de la Bièvre est ingénieusement analysée. Mais cette laideur maigre et intéressante de certains coins de banlieue, M. Coppée ne se donne pas toujours la peine d’en dégager l’âme. Que dis-je ? Il cherche surtout dans la banlieue les baraques et les guinguettes et s’en tient trop souvent, voulant obtenir un effet singulier, à des énumérations de détails plats en rimes riches. Ce n’est qu’un jeu, mais trop fréquent, et qui ne se donne pas assez pour un jeu[1].

Mais c’est trop s’arrêter à de menues critiques. M. Coppée n’en a pas moins ce grand mérite d’avoir, le premier, introduit dans notre poésie autant de

  1. Et qui par là (comme aussi quelquefois le vers non rythmé