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parisienne, chers à M. Coppée[1], dont on ne trouve déjà quelque chose chez ce surprenant Sainte-Beuve :

  Oh ! que la plaine est triste autour du boulevard !
  C’est au premier coup d’œil une morne étendue
  Sans couleur ; çà et là quelque maison perdue,
  Murs frêles, pignons blancs en tuiles recouverts ;
  Une haie à l’entour en buissons jadis verts ;
  De grands tas aux rebords des carrières de plâtre, etc[2].

Mais ces essais si intéressants sont trop souvent compromis par une forme cruellement recherchée et entortillée, et telle que je confesse avoir tort de m’y plaire. Le grand analyste y veut exprimer, ce semble, des nuances d’idées auxquelles se prête fort malaisément la forme étroite et rigoureuse du vers. M. François Coppée a mis dans ses petits poèmes une psychologie moins laborieuse et une peinture plus détaillée de la vie extérieure ; il a moins analysé, plus et mieux raconté et décrit, sans que l’impression morale qui doit se dégager de ces drames obscurs et qui leur donne tout leur prix en ait été diminuée.

Il nous a raconté la vieille fille qui se dévoue à son jeune frère infirme[3] ; la fiancée de l’officier de marine attendant depuis dix ans celui qui ne revient pas[4] ; l’idylle de la bonne et du militaire[5] ; la nourrice qui se met chez les autres pour entretenir un mari ivrogne

  1. Voir Promenades et intérieurs et le Cahier rouge.
  2. Poésies de Joseph Delorme.
  3. Le Reliquaire : Une sainte.
  4. Poèmes modernes : l’Attente.
  5. Ibid., le Banc.