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Sainte-Beuve avait donné des exemples de cette poésie, dont l’idée première lui venait peut-être de Wordsworth. « Et moi aussi, nous dit-il, j’ai tâché, après mes devanciers, d’être original à ma manière, humblement et bourgeoisement, observant l’âme et la nature de près…, nommant les choses de la vie privée par leur nom, mais… cherchant à relever le prosaïsme de ces détails domestiques par la peinture des sentiments humains et des objets naturels[1]. » Je rappelle l’adorable pièce qui commence par ce vers :

 Toujours je la connus pensive et sérieuse…[2] ;

l’anecdote du vicaire John Kirkby[3] et celle de Maria[4]. Dans la première Pensée d’août, l’histoire de Doudun, surtout celle de Marèze, de ce poète qui se fait homme d’affaires, puis commis, pour soutenir sa mère et pour payer une dette d’honneur, n’est-ce pas un peu le sujet d’Un fils, dans les Humbles ! Ô le rare poème que celui de Monsieur Jean[5] !

Et quel malheur que le style dont elle est écrite rende si peu lisible cette histoire d’un maître d’école janséniste, cinquième fils de Jean-Jacques Rousseau, et qui, ayant su le secret de sa naissance, passe sa vie à expier pour son père ! Il n’est pas jusqu’aux paysages de la banlieue

  1. Sainte-Beuve, Pensées de Joseph Delorme.
  2. Poésies de Joseph Delorme.
  3. Les Consolations.
  4. Pensées d’août.
  5. Ibidem.