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qui observe sa maîtresse un peu comme un objet d’art et un peu comme un joli animal, — et la faiblesse de l’enfant qui aime se plaindre pour se sentir caresser. Avec cela d’aimables détails de vie parisienne et de paysage parisien. Le tout est délicieux de coquetterie et de langueur. Il y a dans les livres des poètes, pour chaque fidèle, un coin qu’il préfère aux autres, qu’il chérit d’une tendresse particulière : ce petit coin, dans l’œuvre de François Coppée, ce seraient pour moi les Intimités.

Il y a des longueurs, ou plutôt des lenteurs, une manière par trop flottante et berçante dans Angélus[1], cette histoire d’un enfant élevé au bord de la mer par un vieux prêtre et un vieux soldat, et qui meurt de n’avoir point de mère, de trop rêver et de ne pas jouer, d’être aimé trop et d’être mal aimé, d’être trop baisé et d’être baisé par des lèvres trop froides. Ce petit poème a, pour plaire aux amoureux de poésie, un précieux mélange de pittoresque familier et franc (on songe parfois au Vicaire de Wakefield) et de tendresse un peu languide et efféminée.

Peut-être le poème d’Olivier offre-t-il, avec une plus grande perfection de forme, une moindre originalité. Le poète Olivier (en qui l’auteur, il nous en avertit, se peint lui-même, et avec un soupçon de complaisance), cherchant le repos à la campagne, chez un vieil ami gentilhomme-fermier, y rencontre

  1. Poèmes divers.