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fautive : Contre les mœurs de la ville de Paris, je trouve ce vigoureux morceau à la Juvénal ou à la d’Aubigné :

… Et pour dernière horreur, pour comble de misère, Qui pourrait aujourd’hui sans un juste mépris Voir Italie en France et Rome dans Paris ? Je sais bien mon devoir, et ce qu’on doit à Rome Pour avoir dans ses murs élevé ce grand homme Dont le génie heureux par un secret ressort Fait mouvoir tout l’État encore après sa mort. Mais enfin je ne puis sans horreur et sans peine Voir le Tibre à grands flots se mêler dans la Seine Et traîner dans Paris ses mimes, ses farceurs, Sa langue, ses poisons, ses crimes et ses mœurs, Et chacun avec joie, en ce temps plein de vice, Des crimes d’Italie enrichir sa malice…

Pourquoi Boileau n’a-t-il pas conservé ces vers dans l’édition avouée de 1666 ? Par pudeur ? Ou par égard pour Molière, à qui ses ennemis attribuaient des fantaisies italiennes ? Ce n’est pas moi qui vous le dirai.

Si Racine, à cette époque, n’eût connu que Molière, La Fontaine, et Chapelle, et Furetière, et d’Houy, et Poignant, peut-être eût-il donné tout à fait dans le désordre. Mais je crois que Boileau le préserva. Boileau fut pour Racine un excellent tuteur. Il fut, dans bien des circonstances, quelque chose comme sa conscience morale et sa conscience littéraire.

Je viens de nommer Chapelle. C’était un garçon fort gai, assez ivrogne, et qui aimait faire de