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Et, d’autre part, un vicaire de Saint-Roch, l’abbé Poujet, qui l’assista dans une de ses maladies et qui en fit un petit mémoire, écrit ces mots intelligents :

M. de la Fontaine était un homme vrai et simple, qui, sur mille choses, pensait autrement que le reste des hommes, et qui était aussi simple dans le mal que dans le bien.

Et c’est pourquoi les contemporains ont beaucoup goûté cet extraordinaire bonhomme. Il y a eu, autour de ce simple amant de la nature, quelque chose d’un peu pareil— déjà— à l’empressement du beau monde autour de Jean-Jacques Rousseau. On le trouvait original et rafraîchissant.

Non, je ne pense pas qu’entre les fils des hommes aucun ait été plus parfaitement naturel que La Fontaine. Il suivait exactement son instinct et son plaisir. Et avec cela il était charmant, sans vanité, sans méchanceté. L’élève de Port-Royal, instruit de la grande misère de l’homme « naturel », dut être d’abord déconcerté de voir celui-là si délicieux. Le paganisme tranquille de La Fontaine dut agir sur Jean Racine comme un dissolvant— au moins momentané— de sa pensée religieuse. Le troisième ami de Racine, et celui qui lui sera le plus cher, et jusqu’au bout, et celui dont l’amitié lui sera le plus salubre, c’est Nicolas Boileau-Despréaux, qui n’a que trois ans de plus que lui.

Boileau me plaît extrêmement. C’est un grand