Page:Lemaître - Jean Racine, 1908.djvu/82

Cette page n’a pas encore été corrigée

en scène de Molière, dans une farce, sur un âne récalcitrant :

Quand on fait réflexion, ajoute Grimarest, au caractère d’esprit de Molière, à la gravité de sa conduite et de sa conversation, il est risible que ce philosophe fût exposé à de pareilles aventures et prît sur lui les personnages les plus comiques. Il est vrai qu’il s’en est lassé plus d’une fois, et, si ce n’avait été rattachement inviolable qu’il avait pour les plaisirs du roi, il aurait tout quitté pour vivre dans une mollesse philosophique.

Et, un peu plus loin, Grimarest rapporte ce petit discours de Molière à un jeune homme qui voulait être comédien :

Vous croyez peut-être que cette profession a ses agréments, vous vous trompez. Il est vrai que nous sommes en apparence recherchés des grands seigneurs. Mais ils nous assujettissent à leurs plaisirs ; et c’est la plus triste de toutes les situations, que d’être l’esclave de leurs fantaisies.

(Et, quand il parle des grands seigneurs, il faut aussi entendre le roi.)

Le reste du monde, continue-t-il, nous regarde comme des gens perdus et nous méprise.

Et c’était alors la pure vérité. Écoutez ce qu’écrit le bourgeois Tallemant, et de quel ton, à une époque où Molière était déjà l’auteur de l’admirable École des femmes : « Un garçon nommé Molière quitta les bancs de la Sorbonne pour la suivre (Madeleine Béjart) ; il en fut longtemps amoureux,