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la Guérin (Francfort, 1688), les pages exceptées où Molière se confesse à Chapelle.)

… La Béjart, raconte Grimarest, aimait mieux être l’amie de Molière que sa belle-mère ; ainsi il aurait tout gâté de lui déclarer le dessein qu’il avait fait d’épouser sa fille. Il prit le parti de le faire sans en rien dire à cette femme. Mais, comme celle-ci l’observait de fort près, il ne put consommer son mariage pendant plus de neuf mois.

Pendant ces neuf mois, il est surveillé et menacé par Madeleine Béjart. Un matin, Armande va se jeter dans l’appartement de Molière, résolue de n’en point sortir qu’il ne l’eût reconnue pour sa femme, ce qu’il fut contraint de faire :

Mais cet éclaircissement causa un vacarme terrible ; la mère donna des marques de fureur et de désespoir, comme si Molière avait épousé sa rivale.

Ces détails sont-ils de ceux que Grimarest dit tenir de Racine ? Pourquoi non ? Mais quel drame ! et quelle comédie ! Et nous savons la suite et tout ce que Molière toléra sans parvenir à l’indifférence.

Il souffrit encore de bien d’autres manières. Il semble avoir voulu jouer, — dans un temps où c’était moins facile qu’aujourd’hui et deux siècles avant Irving, — au comédien-gentilhomme. Il avait des façons de grand seigneur, ou tout au moins d’épicurien-dilettante : fastueux, aimant le luxe ; déjà collectionneur d’objets d’art ; très généreux.

Il était, dit Grimarest, naturellement libéral. Et l’on a toujours remarqué qu’il donnait aux pauvres