Page:Lemaître - Jean Racine, 1908.djvu/77

Cette page n’a pas encore été corrigée

l’audition. Même celles de Quinault, d’un style plus aisé, mais diffus et mou, ne sont pas toujours faciles à entendre. Il fallait de toute force que le public de la tragédie fût d’une culture moyenne supérieure à celle de notre public. À cause de cela, il était assez restreint. Le peu de vente des tragédies imprimées le montre d’ailleurs. C’était, en tout, quelques milliers de gentilshommes, de bourgeois et d’étudiants. Les spectateurs étaient toujours les mêmes. Les pièces se jouaient, en moyenne, quinze ou vingt fois. Quand on allait à quarante, c’était un gros succès. (Timocrate seul atteignit quatre-vingts.) Il fallait donc souvent changer l’affiche. Oui, je crois que les débuts étaient plus faciles aux jeunes gens.

Ils furent très faciles à Jean Racine. En 1664, Molière lui joua la Thébaïde ou les Frères ennemis. Si ce fut Molière qui lui en indiqua le sujet, dans quelle mesure Molière l’aida ou le conseilla, c’est ce que nous ne savons pas exactement, car les témoignages sur ce point (Grimarest et les frères Parfait) sont suspects ou contradictoires. La pièce eut ce qu’on appellerait aujourd’hui un « joli succès » . J’ai nommé Molière ; j’avais nommé La Fontaine et Boileau. En y ajoutant Chapelle, Furetière et, si vous voulez, Vivonne et Nantouillet, sans oublier nos vieilles connaissances : Vitart, le gentil abbé Le Vasseur, l’ivrogne d’Houy et l’ivrogne Poignant, nous avons à peu près tous les