Page:Lemaître - Jean Racine, 1908.djvu/75

Cette page n’a pas encore été corrigée

personne pour le gêner si ce n’est, là-bas, à Port-Royal-des-Champs, sa tante, la mère Agnès de Sainte-Thècle, qui prie pour lui ; qui lui envoie de temps en temps, sans se lasser, des lettres de reproches plaintifs et d’exhortations ; qui, durant tout le temps de sa gloire et de ses erreurs, continuera de prier et de lui écrire et qui, patiente et jamais découragée, mettra quinze ans à le ramener à Dieu.

En attendant, Jean Racine se donne tout entier à sa vocation profane. Il se pousse tant qu’il peut. Il fait pour cela tout ce qu’il faut. Il fait des poésies « officielles », de peu d’éclat, mais d’une forme pure (Sur la convalescence du roi ; la Renommée aux Muses), qui lui valent des gratifications royales. La Renommée aux Muses, insignifiante de fond, mais admirablement rythmée, lui vaut d’abord la connaissance, puis l’amitié de Boileau (à qui l’obligeant Vitart avait soumis la pièce), puis la protection du comte de Saint-Aignan et, par lui, l’entrée à la cour. Racine écrit à Le Vasseur en novembre 1663 :

Je ne l’ai pas trouvé aujourd’hui (le comte de Saint-Aignan) au lever du roi ; mais j’y ai trouvé Molière, à qui le roi a donné assez de louanges, et j’en ai été bien aise pour lui ; il a été bien aise aussi que j’y fusse présent.

Racine est, dès lors, très répandu dans le monde des théâtres ; il connaît des comédiens et des comédiennes ; et c’est, je pense, vers ce temps-là, que