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noblesse si savante ? Pourquoi l’élégance si ornée du récit de Théramène ? » Sans doute par un souci excessif de garder une certaine unité et harmonie de ton. Mais ne croyez point pour cela qu’il n’ait rien retenu de la simplicité grecque. Très souvent, et dès la Thébaïde, — un certain parti pris de dignité dans la forme une fois admis, — vous trouverez dans son style quelque chose de très éloigné de l’emphase de Pierre Corneille et de la noblesse convenue ou de l’élégance molle de Thomas Corneille et de Quinault ; quelque chose de dépouillé, de direct, de parfaitement simple, où il est certes permis de voir un ressouvenir et un effet de sa fréquentation passionnée chez les poètes de l’antiquité grecque. En résumé, de tous les grands écrivains profanes du XVIIe siècle, Racine est celui qui a reçu la plus forte éducation chrétienne.

Et de tous les grands écrivains de son temps sans exception, Racine est celui qui a reçu et s’est donné la plus forte culture grecque.

Et la merveille, c’est la façon dont se sont conciliées ou plutôt fondues dans son œuvre ces deux éducations, ces deux traditions, ces deux cultures.

Elles supposent deux conceptions de la vie si différentes en elles-mêmes, et si diverses dans leurs conséquences ! Ici, la foi dans l’homme, la vie terrestre se suffisant à elle-même. Là, le dogme