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Mais parmi tout cela, ne vous y trompez point, il n’est nullement dissipé. Il écrit à Le Vasseur :

Vous savez que les blessures du cœur demandent toujours quelque confident à qui on puisse s’en plaindre, et si j’en avais une de cette nature, je ne m’en plaindrais qu’à vous. Mais Dieu merci, je suis libre encore, et si je quittais ce pays, je rapporterais un cœur aussi sain et aussi entier que je l’ai apporté.

Il raconte cependant à l’abbé qu’il avait remarqué une demoiselle fort bien faite, « la gorge et le reste de ce qui se découvre en ce pays, fort blanc » . Mais il ne la voyait qu’à l’église. Un jour pourtant il saisit une occasion de lui parler. Mais il trouve sur son visage « de certaines bigarrures, comme si elle eût relevé de maladie » .

Il faut, dit-il, que je l’aie prise en quelqu’un de ces jours fâcheux et incommodes où le sexe est sujet, car elle passe pour belle dans la ville.

(Racine voit et dit les choses comme elles sont : c’est un bon réaliste.) Et il s’en tient là.

Je fus, ajoute-t-il, bien aise de cette rencontre, qui me servit du moins à me délivrer de quelque commencement d’inquiétude, car je m’étudie maintenant à vivre un peu plus raisonnablement.

Soyez tranquilles, il n’a pas attendu cette rencontre pour vivre ainsi. Il ne sort presque pas. Il lit et travaille jour et nuit. Il continue l’immense travail de lectures, de résumés et d’annotations commencé à Port-Royal. Il se