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de délicatesse et que les rochers y fussent un peu moins fréquents, on le prendrait pour un vrai pays de Cythère. Toutes les femmes y sont éclatantes et s’y ajustent d’une façon qui leur est la plus naturelle, et pour ce qui est de leur personne :

Color verus, corpus solidum et succi plenum.

C’est un vers de Térence qui veut dire : « Un teint naturel, un corps ferme et plein de suc. »

À Le Vasseur, le 24 novembre 1661 :

J’allai à Nîmes pour voir le feu de joie… Il en a coûté deux mille francs à la ville… Il y avait autour de moi des visages qu’on voyait à la lueur des fusées, et dont vous auriez bien eu autant de peine à vous défendre que j’en avais. Il n’y en avait pas une à qui vous n’eussiez bien voulu dire ce compliment d’un galant du temps de Néron…

Et l’ancien élève de Nicole et de Lancelot place ici et transcrit de mémoire une citation de Pétrone !

Au sortir de Paris, du cercle aimable des Vitart, et d’un milieu où l’on ne connaissait que la galanterie ingénieuse ou la débauche gauloise, il est frappé de la violence toute catalane et de la profondeur des passions sous ce ciel ardent d’Uzès. À Le Vasseur, le 16 mai 1662 :

J’ai eu cette après-dînée une visite… C’était un jeune homme de la ville, fort bien fait, mais passionnément amoureux… (Ce « mais » est curieux.) Vous saurez qu’en ce pays-ci on ne voit guère d’amour médiocre : toutes les passions y sont démesurées, et les esprits de cette ville, qui sont assez légers en d’autres choses, s’engagent plus fortement dans leurs inclinations qu’en aucun autre pays du monde.