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« bon bénéfice », Jean Racine, se voyant sans fortune, se laisse faire. Car, au surplus, on peut écrire des tragédies partout. Et nous verrons qu’à Uzès même, chez le bon chanoine, tout en étudiant saint Thomas et saint Augustin, il continue d’écrire des vers galants, retouche une pièce assez longue intitulée les Bains de Vénus, qui ne nous a pas été conservée, et commence la Thébaïde.

Il écrit, dis-je, cette tragédie et achève les Bains de Vénus dans le moment où son oncle lui cherche une abbaye. Les mœurs de l’ancien régime conciliaient bien des choses. Nous voyons, par une de ses lettres, que si la nature du « bénéfice » obtenu l’eût exigé, Racine se fût résigné à entrer dans les ordres. Il y fût entré avec la foi, certes, mais sans nulle vocation. Cela ne nous paraît pas bien joli. Mais Racine se conformait à un usage. Il ne fut jamais un révolté. Il ne le fut point contre ce qui pouvait l’incommoder dans les institutions et les mœurs de son temps. Comment l’aurait-il été contre ce qui l’y accommodait ?

Heureusement (car tout de même la prêtrise, même légèrement portée, l’eût un peu gêné plus tard pour écrire Andromaque ou Bajazet) ; heureusement il n’y eut pas moyen de lui trouver le moindre bénéfice, pas même « la plus petite chapelle » . Et Racine rentra à Paris en 1663, sans doute soulagé au fond. Mais nous devons à ce séjour d’une année environ qu’il fit à Uzès une série de lettres charmantes qu’il