Page:Lemaître - Jean Racine, 1908.djvu/43

Cette page n’a pas encore été corrigée

Chercher quelque remède à mon inquiétude. Je chercherai la solitude Et, ne pouvant être avec vous, Les lieux les plus affreux me seront les plus doux.

Une fois il lui écrit (26 décembre 1661) :

Et quand mes lettres seraient assez heureuses pour vous plaire, que me sert cela ? J’aimerais mieux recevoir un soufflet ou un coup de poing de vous, comme cela m’était assez ordinaire, qu’un grand merci de si loin.

Un coup de poing, un soufflet… Elle le traitait tout à fait en petit cousin. Une autre fois (31 janvier 1662), il lui écrit, à propos de l’abbé Le Vasseur, trop possédé de l’idée d’une certaine mademoiselle Lucrèce : « … J’ai même de la peine à croire que vous ayez assez de puissance pour rompre ce charme, vous qui aviez accoutumé de le charmer lui-même autrefois, aussi bien que beaucoup d’autres. » Je vous donne mademoiselle Vitart pour une femme qui dut être délicieuse, et qui inspira à Jean Racine son premier amour, — oh ! un amour timide et irréprochable, mais encore assez vif et tendre.

Je crois qu’on ne s’ennuyait pas chez monsieur l’intendant. Il y venait des jeunes femmes et des jeunes filles : mademoiselle de la Croix, Lucrèce, Madelon, Tiennon (l’énumération est de Racine lui-même, 27 mai 1661), à qui l’on faisait la cour, et pour qui l’on rimait des madrigaux. Là, fréquentaient La Fontaine (que nous retrouverons bientôt), M. d’Houy, un peu ivrogne, Antoine Poignant,