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C’est dans ce chaste paradis
Que règne, en un trône de lis,
La virginité sainte ;
C’est là que mille anges mortels

(Ils n’étaient que « cent » tout à l’heure : « mille » est pour l’euphonie.)

D’une éternelle plainte
Gémissent au pied des autels.

Sacrés palais de l’innocence,
Astres vivants, chœurs glorieux
Qui faites voir de nouveaux cieux
Dans ces demeures du silence,
Non, ma plume n’entreprend pas
De tracer ici vos combats,
Vos jeûnes et vos veilles ;
Il faut, pour en bien révérer
Les augustes merveilles,
Et les taire, et les adorer.

(Pas mal, ce dernier vers.)

Je ne vous donne pas ces strophes pour merveilleuses. Mais elles ont de la piété, de l’onction et, si je puis dire, de la blancheur. Et si l’on veut, de loin, de très loin, elles font présager l’accent suave des chœurs d’Esther.

Dans le même temps, l’enfant traduisait les Hymnes du bréviaire romain en vers français, que, plus tard, il retoucha notablement ou que, même, je pense, il refit tout entiers.— Il fait aussi beaucoup de vers latins, élégants et faciles. Il se nourrit d’Homère, de Sophocle et d’Euripide. Il les lit en « s’enfonçant dans les bois », ce qui