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encore connu d’autres femmes que sa grand’mère et sa tante— pourquoi cela ne serait-il pas délicieux et émouvant ? …

Et dans ce même premier livre de Théagène et Chariclée, l’enfant Racine lisait l’histoire— assez brutale— d’un jeune homme trop aimé de sa belle-mère, c’est-à-dire, sous d’autres noms, l’histoire même de Phèdre et d’Hippolyte ; si bien qu’écrivant vingt ans plus tard sa tragédie de Phèdre, il put se ressouvenir des pages d’Héliodore, alors troublantes pour lui, qu’il avait lues le long de l’étang et dans les bois de Port-Royal.

C’est aussi dans ces bois et le long de cet étang qu’il composa les sept Odes de la Promenade de Port-Royal : Louanges de Port-Royal en général ; le Paysage en gros ; Description des bois ; De l’étang ; Des prairies ; Des troupeaux et d’un combat de taureaux ; Des jardins.

Ce sont des vers d’enfant, et c’est très bien ainsi. Certes le petit Racine jouit vivement du charme des eaux, des arbres, des prairies. Quelques années plus tard, La Fontaine, dans sa Psyché, dira de lui : « Il aimait extrêmement les jardins, les fleurs, les ombrages. » Mais, n’étant encore qu’un enfant, Racine, comme il est tout naturel, imite dans sa forme les poètes descriptifs à la mode, et notamment Théophile de Viau et Tristan l’Ermite.

Ce Théophile et ce Tristan ont d’ailleurs de bien